Quelle presse pour la RDC?
Un peuple a les dirigeants qu'il mérite entend on souvent dire... Je pourrais paraphraser en disant qu'un pays a la presse qu'il mérite.
La liberté d'expression est un droit et comme tous les droits il faut se battre pour en jouir. C'est comme la démocratie, on ne vous l'offre pas sur un plateau d'argent tel le vent de démocratisation qui a soufflé sur le continent africain mais c'est au prix d'une lutte acharnée, aux prix des révoltes et des sacrifices que naissent les vraies démocraties.
Après le vent démocratique des années 90 et ces démocraties calquées sur les modèles occidentaux, que constate-t-on aujourd'hui en Afrique? Ce sont de nouvelles dictatures qui ont vues le jour, des dictatures au pouvoir de repression encore plus fort... muselement de la presse, arrestation des opposants, climat de terreur sur les populations, populations qui croupissent dans la misère...
Le vent démocratique a aussi apporté l'éclosion de la presse (en nombre pas nécessairement en qualité), multiplication des titres des journaux et des chaines de radiotélévision, débats politiques plus ouverts...
La RDCongo n'est pas en reste. Elle pourrait même être le pays africain avec le plus grand nombre de chaines de télévisions (une bonne quarantaine) et de titres de journaux. Seulement, les chaines naissent et les programmes sont identiques (variétés musicales, et porte voix des propriétaires de ces chaines). Parce que tout homme politique a "sa" chaine de télévision au Congo. Et la chaine nationale appartient au pouvoir en place.
Lors des tristes événements d'août 2006, l'on s'est bien rendu compte que tous les organes de presse avaient une tendance on ne peut plus claire. Lorsque les chaines de télévision de sieur Bemba ont été coupées (CCTV et CKTV) et leurs corollaires (RLTV et Molière TV dans une moindre mesure), la population congolaise a eu droit à de la musique à longueur de journée et sur toutes les chaines restées actives à Kinshasa alors que la ville était en feu.
Les journalistes dignes de ce noms ont ils le droit de se taire pendant que des événements aussi importants se déroulent dans leur pays? Ces porte voix du peuple ont-ils le droit de faire comme si de rien n'était alors que leurs confrères étrangers (RFI par exemple) donnent des nouvelles sur ce qui se passe sur le terrain?
L'on ne pourra pas dire que c'est par manque de moyens que l'on s'est tu. Et c'est une honte pour le pays qu'il y ait eu un tel silence... Un silence complice... Ou alors c'est par crainte des représailles que les autres chaines ont préféré s'automuseler. Et c'est toujours par crainte des représailles que durant toute la durée de la fermeture illégale des 4 chaines précitées (CCTV, CKTV, RLTV et Molière TV), aucune chaine de télévision continuant à émettre à Kinshasa n'a affiché sa solidarité envers les chaines muselées.
Et c'est toujours par crainte des représailles qu'aucune coorporation des journalistes (JED-Journaliste en Danger- l'a fait mais un peu tard à notre avis) n'a exigé d'une manière ferme l'ouverture immédiate de ses chaines. Alors que leurs "confrères" étaient en chômage forcés, l'on faisait comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes... crainte des représailles...
Et en ce moment le siège du Mouvement de Libération du Congo (MLC), parti cher à JP Bemba est en feu, c'est au même endroit que les deux chaines de télévision (CKTV et CCTV) ont leurs studios. Accident? Incendie? Sabotage?... Attendons le soir pour voir quel traitement sera réservé à cet incendie dans les chaines locales... Attendons demain pour voir si une enquête digne de ce nom sera ouverte pour faire la lumière sur cet événement...
Mais en attendant, nous avons les dirigeants que nous méritons, la justice que nous méritons... la presse que nous méritons!...
Kingli