Introduction
La démocratisation de la vie politique et la libéralisation de l’espace médiatique congolais qui lui est corollaire, ont favorisé l’implantation de plusieurs stations de radio et de télévision en République démocratique du Congo. Dans une étude publiée en avril 2004, le Professeur Kayembe a identifié 52 télévisions concentrées dans les principaux centres urbains. Des chiffres qui semblent dépassés aujourd’hui si l’on se réfère aux statistiques de la Haute
Autorités
des Médias (HAM) qui estiment à 62 le nombre de télévisions (dont 28 pour la seule ville de Kinshasa) installées en RDCongo.
Quelles stratégies adoptent ces médias pour conquérir et fidéliser leurs publics ? Selon quels modèles fonctionnent – ils ? Quels supports techniques utilisent – ils ? Quelles sont les préférences du publics par rapport aux émissions proposées ?..., autant de question ayant suscité des recherches, scientifiques ou non, menées, sous des angles aussi multiples que divers afin d’appréhender la véritable nature de cette évolution - révolution.
Partant du postulat selon lequel la libéralisation (pris dans le sens de la fin du monopole et de l’ouverture de l’espace médiatique à la concurrence) est un gage du pluralisme du contenu médiatique, nous tenterons, dans cet article, d’évaluer l’incidence de la libéralisation d’avril 1990 sur les programmes des télévisions en République Démocratique du Congo. Il s’agira plus précisément de procéder, à travers une lecture comparée des grilles de programmes, à un état de lieux du niveau de pluralisme dans la télévision kinoises. La portée plutôt limitée de cette étude est guidée par le souci de vérifier la légitimité scientifique du résultat d’une longue observation empirique des habitudes programmationnelle de la télévision congolaise en général et kinoise en particulier, avant de nous lancer, prochainement, dans une tentative d’explication de ce phénomène.
A cet effet, certains outils théoriques et conceptuels empruntés aux théories de la programmation nous seront d’un très appréciable apport. Il s’agit notamment des notions telles que le «découpage horaire», le «temps d’antennes » et le «moment de diffusion» chères à Guy Lochard et essentielles à la lecture d’une grille de programmes. Ces notions permettront, sans doute, de mieux comparer les choix programmationnels opérés par les télévisions de la Rdc.
Toute fois, face à l’immensité du champ à explorer (28 télévisions pour la seule ville de Kinshasa sur les 62 que compte le pays), nous limiterons notre intérêt à quelques télévisions, parmi les plus regardées, selon le résultat du sondage sur les médias à Kinshasa, publié par le cabinet Expert.
Cadre conceptuel.
Il pourrait paraître superflu de se lancer à la vérification du niveau de pluralisme dans un contexte d’opulence télévisuelle telle que souligné ci – haut. Ce sentiment de vanité proviendrait, sans doute, d’une tendance générale et quelque peu généralisée à réduire l’extension de la notion de pluralisme à sa seule dimension technique.
Pourtant, dans son acception la plus extensive, cette notion renvoie à la doctrine d’après laquelle les êtres qui composent le monde sont multiples, individuels, indépendants et irréductible à une substance unique. Cette irréductibilité apparaît encore plus clairement lorsqu’on ajoute, par exemple, les épithètes « politique » et « juridique » au substantif pluralisme. Dans le premier cas, c’est pour désigner un système où sont reconnus les divers organismes représentant les courants de d’opinion, tandis que dans le second, il s’agit de la coexistence de plusieurs systèmes de droit au sein d’un même ordre juridique.
Appliquée à l’objet de la présente analyse, cette interprétation philosophique de base à la société humaine, nous conduit à considérer le pluralisme médiatique, et télévisuel dans ce cas précis, comme la jonction de la pluralité des supports (stations de télévision) et de la diversité des contenus des programmes. La pluralité étant une « réelle réalité » au vu du nombre des télévisions opérationnelles en RDC, c’est de la diversité des contenus dont il sera vraisemblablement question ici. Cette dernière s’entend, tant au niveau de la grille (en terme de formats et des genres d’émissions) qu’à l’intérieur des émissions proprement dites (s’agissant de différents points de vue émanant de toutes les couches et catégories sociales). Comme le fait remarquer Gilbert Maoundonodji s’agissant de la radio, si la pluralité des supports est une condition nécessaire, elle n’est pas suffisante pour garantir le pluralisme télévisuel. Un même opérateur, l’Etat ou un privé, peut créer et contrôler plusieurs télévisions, imposer le même contenu des programmes et être le seul pourvoyeur d’informations de culture et de divertissement. On parlera, dans ce cas de figure, d’un pluralisme quantitatif ou numérique qui ne diffère en rien à un régime de monopole.
Ceci étant, la complexité de la communication télévisuelle nous impose d’aborder l’analyse du pluralisme à partir d’un double mouvement empirique puis théorique. Le mouvement empirique nous amènera, d’entrée de jeu, à une lecture comparée des grille des programmes des télévisions avant de chercher, dans la théorie, les éléments d’explication au constat qui en découlera.
Dans une telle perspective, la grille de programmes nous intéressera de manière particulière, dans la mesure où elle représente, selon Guy Lochard et Henri Boyer, l’instrument par excellence de l’activité de planification par laquelle une télévision organise de rencontres entre ses propres intentions discursives et les attentes supposées de ses téléspectateurs. Elle constitue une prévision plus ou moins détaillée, pour chaque jour de la semaine et pour les différents moments de la journée, répondant au besoin de mise en rapport de deux disponibilités : celle des téléspectateurs et celle des programmes. Dans ces conditions, son élaboration s’appuiera sur des données d’études sociologiques d’utilisation du temps de loisir, de la présence des individus à domicile, de temps consacré à la télévision…, qui aident à une parfaite articulation du temps social et du temps télévisuel. Comme on peut s’en rendre compte, la confection d’une grille de programme ne peut donc aboutir qu’à une solution de compromis ; qui doit, ce pendant pour être efficient, offrir les gages d’équilibre et de cohérence. Selon l’analyse de Paul Beaud, Patrice Flichy et Monique Sauvage, une grille de programme intervient comme un double garant, pour le téléspectateur. Garant de la diversité, elle sensée répartir dans la journée et la semaine les différents genres et contenus d’émission. Garant de la continuité, elle propose un quadrillage du temps télévisuel, aujourd’hui ininterrompu, articulé autour de plusieurs temps forts, qui divisent la journée en périodes : Day -time, acces - time, prime - time, second - time.
Ce découpage de la journée en période horaire est mieux explicité par Frédéric Antoine qui préconise que la lecture d’une grille doit se faire verticalement et horizontalement. Dans sa dimension verticale, la grille découpe la journée en tranches horaire suivant la disponibilité des téléspectateurs devant la télévision. Ces tranches, dont les principales sont le day - time, l’acces - time, le prime - time et le second - time, sont disposées de haut en bas sur la grille de programme.
Frédéric Antoine définit le prime - time comme la période de la plus grosse audience télévisuelle quotidienne (situé entre 19 heures et 22 heures aux USA, de 18h 30’
à 21h 30’
en France, plus tard en Espagne et plutôt en Grande Bretagne) dont l’offre vise à fédérer le plus large public possible. Car, explique Lucien Sfez, durant le prime - time, c’est un public varié et populaire qui regarde la télévision en famille.
La pratique montre, quant à elle, que la gestion du prime - time diffère en fonction des missions que s’assigne chaque station de télévision. Dans le cas (quelque peu idéaliste) des télévisions sans ressources publicitaires, il représente le moment d’assumer la vocation de service publique en permettant un large accès aux publics le plus diversifiés. Pour les télévisions à vocation commerciale, il est le moyen de rendre les audiences «isomorphes » à celle des visées par les annonceurs afin de justifier les tarifs des créneaux publicitaires.
A l’opposé, le day - time et le second - time, au nom d’une segmentation en public spécifique (jeune, femme au foyer, personne de troisième age, etc.) comporteront essentiellement des émissions ciblées. La programmation de l’acces - time est conçue, quant à elle, pour fédérer progressivement autour d’un public - noyau la plus large audience : celle du prime - time.
Toute fois, ce découpage est fonction de l’agglomération d’un public varié étant donné que les emplois du temps de différentes catégories diffèrent. Les limitations temporelles des différentes tranches varient également selon les pays, les villes, les saisons, les jours de la semaine, etc.
Les études menées sur les habitudes de consommation de la télévision à Kinshasa permettent de situer le prime time entre 18h 30’
et 21h 30’ en semaine et de 19h00 à 22h30’ le week-end. Cette tranche nous intéressera particulièrement dans notre lecture comparée des grilles de télévisions.
Pour clore ce chapitre, reprécisons que l’analyse du pluralisme télévisuel ne doit pas seulement s’appliquer à la grille des programmes. Elle doit, pour être complète, s’étendre aux différents genres contenus dans celle - ci. Bernardo Amigo Latorre soutient même à ce propos que l’outil qui permet à une chaîne de télévision d’agir sur le téléspectateur et à ce dernier de comprendre le statut du discours véhiculé par une émission en particulier, c’est le genre.
Toutes fois, nous avons choisi, pour des raisons présentées en introduction, de ne pas succomber à la tentation de procéder à l’évaluation du pluralisme à l’intérieur des différents genres, ce qui mériterait plus d’un article. Il nous semble plus pertinent de limiter notre intervention à la grille de programme au nom de la présomption, à l’origine du processus d’élaboration de cet outil, de l’existence d’une intentionnalité communicationnelle. Poursuivant dans cette même logique, les différentes émissions seront regroupées en quatre principales catégories (et non selon les genres) que sont Information (le JT dans ses multiples formes), Publicité (y compris celle contenue dans des émissions sponsorisées), Divertissement (film, théâtre, variétés, jeu, talk show, …), Documentaire et Magazine (toute autre émission de plateau ne faisant partie des catégories pré – citées). C’est la confrontation entre ces catégories, tant en terme de moment de diffusion qu’en celui de temps d’antenne, que sera déterminé le niveau de pluralisme.
Construction de l’univers de recherche
Pour cette étude, nous avons choisi d’analyser les programmes de quatre chaînes de télévision les plus regardées, selon le dernier sondage réalisé par le cabinet Experts. Ces chaînes ont également l’avantage d’offrir la possibilité de comparer les stratégies programmationnelles des deux différents types qui dominent le paysage audiovisuel congolais, à savoir télévisions publique et commerciales. Bien plus, l’expérience acquise par ces chaînes (RNTC 40 ans, AA 15 ans et RAGA, 10ans) leur a permis de se positionner comme des modèles sur base desquels leurs sœurs et non moins concurrentes nouvellement crées, calquent leurs stratégies de programmation respectives. Toute fois, l’idée de départ était d’y associer, pour faire complet, les télévisions dites confessionnelles ou religieuses de plus en plus nombreuses. Mais notre effort à vouloir reconstituer les grille de programmes, non disponibles auprès des ces chaînes, par un travail de monitoring quotidien s’est avéré vain, suite à des interruptions et changements ou modification fréquemment opérés en plein milieu d’émissions.
D’autre part, l’analyse des grilles de programmes concernera particulièrement deux tranches horaires : le prime – time et le day – time. Le premier, avons – nous dit, à l’avantage de fédérer autour de lui un public varié et populaire, tandis que le second vise un public spécifique. La stratégie déployée par les chaînes dans la gestion de ces tranches horaires demeure profondément révélatrice de la philosophie générale de leur programmation.
Etat de lieux de la programmation du Prime - time
Lundi (légende)
Tranches |
RTNC |
Antenne A |
Raga TV |
Tropicana |
18h00’ |
Infos (en langue) |
Business Africa |
Série |
Sketch |
19h00’ |
Infos (les titres) |
Journal télévisé |
Actu (JT) |
Journal (JT) |
19h03’ |
Sports |
19h30 |
Pub |
Pub |
19h50’ |
Pub |
Pub |
20h00’ |
Le Journal |
|
Rendez-vous |
20h05’ |
Variétés musicales |
20h30’ |
Pub-messages- |
Théâtre Lis boy fondation |
Théâtre les abeilles |
21h00’ |
Vivement Elections |
Infosport (Mag) |
21h30 |
Sportissimo (mag) |
Téléfilm |
La lecture de ces grilles révèle que les différentes chaînes de télévision proposent, à 19h00’, des éditions d’information et que celles – ci sont à chaque fois suivies des tranches publicitaires. Le prime – time, reste dominé par une forte présence de la Publicité qu’on retrouve entre 20h30 et 21h00 sur toutes les chaînes, soit dans une tranche ad hoc, soit dans des programme de Divertissement ou de Magazines sportifs sponsorisés. Toutes fois la RTNC se démarque quelque peu des autres en encadrant les deux tranches de publicité placées avant et après sa grande édition du journal par deux magazines. La RTNC arrive en tête des programmes d’information avec 93 minutes, suivi de Tropicana 50 minutes et de Raga et Antenne A avec30 minutes chacune. Cette tendance reste inchangée de lundi ç vendredi. Raga et RTNC proposent respectivement 90 et 77 minutes des magazines dont deux (en raison d’un par chaîne) consacrés au sport sont sponsorisés (par une même marque). Pour leur part, Antenne A et Tropicana consacrent une bonne partie du prime – time au divertissement (AA 60min et Tropicana 150minutes) fortement parqué par la publicité.
Mardi
Tranches |
RTNC |
Antenne A |
Raga TV |
Tropicana |
18h00’ |
Infos (en langue) |
Monde du Droit |
Série |
Dessin animé |
19h00’ |
Infos (les titres) |
Journal télévisé |
Actu (JT) |
Journal (JT) |
19h03’ |
Tribune des femmes |
19h30 |
Pub |
Pub |
19h50 |
Pub |
Pub |
20h00’ |
Le Journal |
Théâtre Simba
|
Théâtre Afrik’Art |
20h05’ |
Sketch ping pong |
20h30’ |
Pub-messages- |
21h00’ |
Maintenant la police |
Top 10 |
RDV des Stars |
Sportropic |
21h30 |
Pub |
Téléfilm |
L’information se maintient à 19h00’ sur les quatre chaînes et la publicité avec. A l’exception de la RTNC, les autres chaînes proposent à leurs téléspectateurs, entre 20h00’ et 21h00’ des télés dramatiques (ou théâtre populaire) fortement marquées par des messages publicitaires. A partir de 20h30’ la chaîne publique rejoint les autres avec la diffusion de la publicité pendant 30 minutes avant de proposer le magazine de la police nationale. En terme de temps d’antenne, l’information garde son volume horaire tandis que le divertissement gagne du terrain (AA 90min, Raga 150 min) avec une toute aussi forte présence publicitaire. Seule la RTNC résiste en maintenant deux magazines à vocation éducative avant et après le journal.
Mercredi
Tranches |
RTNC |
Antenne A |
Raga TV |
Tropicana |
18h00’ |
Infos (en langue) |
Prédication |
Série |
Prédication |
19h00’ |
Infos (les titres) |
Journal télévisé |
Actu (JT) |
Journal (JT) |
19h03’ |
Mélodies divines |
19h30 |
Pub |
Pub |
19h50’ |
Pub |
Pub |
20h00’ |
Le Journal |
A cœur ouvert |
Regards croisé |
20h05’ |
|
Théâtre les abeilles |
20h30’ |
Pub-messages- |
21h00’ |
Horizon mondial |
Théâtre S. soucis |
Théâtre Evangeliste |
21h30 |
Pub |
Théâtre sens unique |
L’information se maintient à 19h00’ sur toutes les chaînes tandis que le divertissement et la publicité viennent clôturer le prime time. Antenne A et Raga proposent les mêmes types d’émissions (60min magazine te 60min divertissement) de 19 à 21h30 et sont rejoint par Tropicana à partir de 20h05’, avec 85 min de divertissement. Antenne A et Tropicana réservent la première heure du prime – time à la prédication d’un même pasteur moyennant payement (d’où le rouge sur la dernière lettre), tandis que le divertissement fait son entrée sur la grille de RTNC. Toute fois, cette dernière maintient l’information en tête du temps d’antenne avec 93 minutes, alors que les trois autres font la part belle au divertissement sponsorisé.
Jeudi
Tranches |
RTNC |
Antenne A |
Raga TV |
Tropicana |
18h00’ |
Infos (en langue) |
Art et tourisme |
Série |
Dessin animé |
19h00’ |
Infos (les titres) |
Journal télévisé |
Actu (JT) |
Journal (JT) |
19h03’ |
Sports |
19h30 |
Pub |
Pub |
19h50’ |
Pub |
Pub |
20h00’ |
Le Journal |
|
Théâtre Pléiades |
20h30’ |
Pub-messages- |
Théâtre Ngadiadiai |
Théâtre kilimajaro |
21h00’ |
Théâtre |
Europa live |
21h30 |
pub |
Célébrité 100% |
La lecture comparée des grilles pour cette journée vient corrobore la thèse de l’uniformité des programmes. En plus des éditions d’information programmées à 19h00, toutes chaînes offre aux publics, à partir de 20h30’, du divertissement, à travers des télé – dramatiques (et un peu plus tard de la variété) fortement marquées par la publicité. Même la RTNC renonce à sa stratégie de faire encadre le JT par deux magazine à vocation éducative. Le temps d’antenne réservé à l’information reste le même, pendant que le divertissement gagne du terrain.
Vendredi
Tranches |
RTNC |
Antenne A |
Raga TV |
Tropicana |
18h00’ |
Infos (en langue) |
Sport |
Série |
Dessin animé |
19h00’ |
Infos (les titres) |
Journal télévisé |
Actu (JT) |
Journal (JT) |
19h03’ |
Qu’on se le dise |
19h30 |
Pub |
Pub |
19h50’ |
Pub |
Pub |
20h00’ |
Le Journal |
Théâtre Lis boy |
Energie et reconstruction |
20h30’ |
Pub-messages- |
Sketch ping pong |
21h00’ |
2 sons de cloche |
Chez Francis |
Maxi foot |
21h30 |
Sportissimo (mag) |
Prédication |
Pas de changement au niveau de l’information, tant du point de vue du moment de diffusion que de temps d’antenne. Par contre le Divertissement régresse quelque peu au profit des Magazines. On note toute fois une forte présence de la publicité.
Samedi
Tranches |
RTNC |
Antenne A |
Raga TV |
Tropicana |
19h00’ |
Infos (les titres) |
Journal télévisé |
Actu (JT) |
Journal (JT) |
19h03’ |
Bonsoir, Bon week-end |
19h30 |
Pub |
Pub |
19h50’ |
Pub |
Pub |
20h00’ |
Le Journal |
Modes & moeurs |
Théâtre Saï-saï |
20h30’ |
Pub-messages- |
Théâtre les abeilles |
21h00’ |
Mosaïque |
Détente musicale |
22h00’ |
Pub-messages- |
Variétés congolaises |
Impact |
Ouragan |
22h15’ |
Variétés Samedi soir |
22h30’ |
La journée de samedi, le prime est dominé par la détente. On note une forte présence des émissions de Divertissement qui combinent le théâtre et la détente musicale. Et même les quelques magazines proposés par la RTNC et Antenne A sont présentés sur un ton très récréatif. L’Information n’occupe que 30 et 33 minutes de l’antenne au profit du divertissement et de la publicité. On peut également, s’agissant du moment de diffusion, observer qu’à 21h00’ la RTNC et Antenne A proposent des magazines (par ailleurs très récréatifs) pendant que Raga et Tropicana offrent du « théâtre populaire ». A 22h00’ les chaînes commerciales diffusent des variétés musicales et sont rejointes à partir de 22h15’ pas la télévision publique jusqu’à la fin du prime – time.
Dimanche
Tranches |
RTNC |
Antenne A |
Raga TV |
Tropicana |
19h00’ |
Infos (les titres) |
Journal télévisé |
Fiscalité & Dvlpt |
Rétro info hebdo |
19h03’ |
Emission des Forces armées |
19h30 |
Pub |
Pub |
19h50 |
Pub |
Pub |
20h00’ |
Le Journal |
Beauté Plus |
Studio maximum |
Hit Tropic |
20h30’ |
Pub-messages- |
Droit à la parole |
21h00’ |
Mega - Sports |
Carnet de santé |
Prédication |
21h35 |
Théâtre Muyombé |
|
|
22h00’ |
Droit de savoir |
Théâtre |
Java soirée |
22h15’ |
22h30’ |
Dimanche, l’Information poursuit sa régression en terme du temps d’antenne. Tropicana réduit de 30 minutes la duré de son journal télévisé alors que Raga (dont toutes les émissions sont sponsorisées) préfère « rentabiliser » l’espace - info en plaçant à 19h00’ un magazine sponsorisé. Le divertissement vient clôturer le prime time dans les chaînes commerciales, alors que la chaîne publique termine avec un magazine très semblable à celui proposé par Antenne A à 20h30’.
Synthèse sur la programmation du prime time
- Le moment de diffusion
La lecture comparée de ces grilles relève que la structure des programmes des chaînes commerciales reste la même. Les Informations à 19h00 (en semaines) sont suivies, par une tranche publicitaire, puis par des programmes (divertissement ou magazine) très souvent sponsorisés. Cette tendance est également observable, quoique dans une moindre mesure, à la télévision publique qui, seule, place son journal à 20h, en le faisant encadrer (comme ses consoeurs) par des tranches publicitaires. Le samedi, l’uniformisation se renforce à partir de 22h00’ avec de la détente sur la quasi-totalité des télévisions.
Partant de cette lecture, le programme - type des télévisions kinoises peut se présenter comme suit :
En semaine :
- 19h00’ : Information (sur toutes les chaînes)
- 19h50’ : Publicité (sur toutes les chaînes)
- 21h00’ : Divertissement (à l’exception de la RTNC)
Samedi
- 19h00’ : Information
- 19h50’ : Publicité
- 22h00’ Variétés
Dimanche
- 19h50’ : Publicité
- Le temps d’antennes
Le calcul du temps d’antenne par catégorie d’émission place l’information largement en tête sur la télévision publique, sans doute à cause de l’exigence de diffuser les informations dans toutes les langues nationales. Sur les chaînes commerciales, le théâtre dit populaire et les variétés musicales placent le divertissement en tête. La publicité occupe des tranches quotidiennes stables d’au moins 30minutes ainsi qu’un bonne part des émissions sponsorisées.
Etat de lieux de la programmation du Day – time
Avant de poursuivre notre analyse, rappelons que le day - time correspond, comme son nom l’indique, à la journée, soit la plus grande partie de la grille. Mais à la suite de flottement constatées dans la période comprise entre 13 et 17h, sur les grille mises à notre disposition par les différentes chaînes, nous présenterons ici les programmes proposés dans l’avant midi, plus précisément dans la tranche 9 à 12 heures.
Du lundi à Samedi
Tranches |
RTNC |
Antenne A |
Raga TV |
Tropicana |
9h00 |
Tôt gaieté |
Fiction |
Théâtre |
News |
9h30 |
Info en langue |
9h40 |
Tôt gaieté |
Théâtre ping pong |
10h00’ |
Info en français |
Flash info |
Wake up/ Salut week-end |
10h15 |
L’invité |
Thé le matin |
10h30 |
Infos en langue |
10h45 |
Séquence du jour |
Club de la presse/ Matinée tropicale |
11h00 |
Sport au passé/ Sankaï cadence |
Bulletin d’info |
11h15 |
Wake up/Salut week-end |
11h30 |
11h35 |
Haki ya kupahano |
Télé film |
12h00 |
Midi culture |
Flash info |
Europa en live |
Pendant toute la semaine, les programmes matinaux des chaînes de télévision kinoise proposent majoritairement du divertissement, dominés par des tranches d’animation libre. L’information intervient soit en rediffusion (le cas de tropicana), soit sous forme de flash à l’intérieur de ces tranches. Comme pour le Prime time, la RTNC se démarque, quelque peu, en proposant de magazines culturels (10h 45’ et 11h15’) et de développement (11h35’). On peut également relever l’absence de la publicité sur toutes les grilles.
Dimanche
Tranches |
RTNC |
Antenne A |
Raga TV |
Tropicana |
9h00 |
Religion |
Fiction |
Religion |
News |
9h30 |
Animation |
9h40 |
Théâtre ping pong |
10h00’ |
Salut week-end
|
10h15 |
Sport |
10h30 |
10h45 |
Théâtre Kilimanjaro |
11h00 |
Echo d’europe |
Femme & société
|
11h15 |
11h30 |
11h35 |
12h00 |
Karibu Variété |
Station One |
Jardin d’Elen |
La RTNC et Raga proposent le même menu pour la journée de dimanche, en passant, sans transition de la religion au divertissement. Elles y retrouvent Tropicana qui a jugé bon d’ouvrir cette tanche par une rediffusion de son journal télévisé. Pour la première fois, une chaîne (Antenne A) se démarque totalement des autres. Elle propose plutôt deux magazines dont un sponsorisé.
Synthèse sur la programmation du Day - time
- Le moment de diffusion
Pendant toute la semaine, toutes les chaînes ont opté pour les tranches d’animation matinale ; des programmes – bus, à l’intérieur desquels sont placés d’autres petits programmes et où l’animateur joue le rôle de régulateur de la parole et du temps. Dans ces conditions, le choix du téléspectateur n’est plus vraiment entre tel ou tel autre contenu de programme mais plutôt entre tel (le) ou tel (le) autre animateur (trice).
- Le temps d’antenne
Pour ce qui est du temps d’antenne, le Divertissement se place loin devant toutes les autres catégories, y compris dans la télévision publique, ce aussi bien en semaine que le pendant le week-end.
Conclusion
Cette brève analyse montre que la multiplication des chaînes de télévision qui a suivi de la démocratisation de la vie politique en République Démocratique du Congo ne s’est pas fait accompagnée d’une diversité des contenus. Le nombre de télévisions a sensiblement augmenté depuis un quart de siècle, mais la création dans ce secteur a surtout contribué à n’augmenter que le contenu de divertissement et du temps attribué à la publicité sous toutes ces formes. Le théâtre dits populaire et les émissions de variétés musicales s’éternisent sur les écrans de télévision, laissant très peu d’espace à l’information et aux autres formats. Les programmes sont de plus en plus envahis par la publicité, y compris les magazines, dont la plupart sont émissions de plateau. Les reportages et Documentaires, par exemple, semblent avoir été jugés indignes de figurer dans les prévisions des chaînes de télévision pour le prime – time et le day – time.
La lecture comparée des grilles de programmes effectuée ci-dessus a permis donc de mettre en évidence non seulement l’uniformité des intentions communicationnelles des différentes chaînes de télévisions, mais aussi et surtout une tendance à pratiquer ce que je qualifierais de « programmation par mimétisme » : les mêmes émissions aux mêmes heures, un peu comme le fait l’autre, et à rechercher, à tout prix, un consensus contre ce qui pourrait diviser. Même la chaîne publique semble se retrouver face à un dilemme : doit – elle entrer, complètement, dans la danse, au risque de se détourner de sa vocation et ainsi perdre son identité ? Ou bien jouer la carte de la différence, au risque de perdre son audience. Les raisons à la bases d’une telle situation méritent bien d’être fournies un jour.
Wolfdeli
Index Bibliographique
1. Antoine. F, Les programmes coincés dans une grille, in Médiacteurs tout savoir sur la télévision, Bruxelles, 1990.
2. Beaud, P, Flichy P et Sauvage. M ; Géomètre contre saltimbanque : la prédominance de la programmation dans la télévision française, in Réseaux, Sociologie de la télévision : Paris, CENT, numéro hors série, 1991
3. Experts sprl ; Sondage sur les médias à Kinshasa, Kinshasa, 21ième édition, octobre 2005 44p.
4. Kayembe, A ; Situation des médias en RDC, Kinshasa, Institut Panos Paris, 2005
5. Latorre. B A, Le genre comme outil d’interprétation en réception : le cas des télé – séries chiliennes, in Genres et culture des masse, volume III, n° 1, décembre 2003.
6. Lochar, G et Boyer. H ; Notre écran quotidien ; une radiographie du télévisuel, Paris, Dunos, 1995, 203 p.
7. Maoundonodji, G ; Afrique centrale : Cadres juridiques et pratique du pluralisme radiophonique, Paris, Karthala, 2005, 250 p.
8. Missika, JL ; La fin de la télévision, Paris, Seuil, 2006, 107p
9. Sfez, L ; Dictionnaire critique de la communication, Tome II, Paris, PUF, 1993